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Sécuriser l’insécurité: Orpaillage semi-industriel et violence à Mwenga, Sud-Kivu en République Démocratique du Congo

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Depuis 2011, l’introduction progressive de nouveaux équipements miniers tels que les concasseurs a conduit à une mécanisation croissante des opérations d’exploitation artisanale de l’or ainsi qu’à l’arrivée de sociétés minières semi-industrielles dans le territoire de Mwenga (Sud-Kivu). Ce rapport fait partie d’un projet financé par USAID visant à examiner les liens entre les conflits armés, l’insécurité et l’exploitation des ressources naturelles dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Basé sur des entretiens, des témoignages et l’analyse de données géospatiales, l’étude évalue les effets de la semi-industrialisation sur la sécurité dans le territoire de Mwenga.  

Ce rapport utilise le concept de «  normes pratiques », réfèrant à l’écart entre les dispositions légales qui réglementent le secteur minier et les pratiques informelles réelles. Il permet d’expliquer comment les sociétés minières semi-industrielles ont pu s’implanter et sécuriser leurs opérations dans la région de Mwenga.   

Les normes officielles du secteur minier congolais ne sont pas respectées par les sociétés minières semi-industrielles. Au lieu de consulter les acteurs locaux avant d’entamer leurs opérations d‘extraction ces sociétés ont recours à des réseaux opaques impliquant les autorités étatiques, coutumières et militaires. Ce processus leur permet de militariser les sites d’extraction de l’or, de solliciter le soutien des autorités locales et de contourner les exigences officielles en matière d’indemnisation des communautés locales.  

Les mineurs semi-industriels ignorent le mécontentement local, divisent la société civile locale et dressent les chefs traditionnels contre leurs propres populations. A leur tour, les communautés locales se tournent vers la résistance (violente). Des cas d’attaques de milices à l’encontre d’employés des sociétés minières ont été observés. En réaction, les sociétés minières semi-industrielles se militarisent encore davantage et les conflits prolongés sont de plus en plus préoccupants.  

Le rapport indique que le processus de semi-industrialisation comporte divers risques pour les communautés locales. Le processus est associé à l’opacité, sape la gouvernance, incite à la déstabilisation sociale et crée des risques sécuritaires à long terme. Il est urgent de s’attaquer à ces risques afin que le secteur aurifère soit bénéfique pour la RDC et sa population.  

Conclusions du rapport:

  • Les acteurs de l’exploitation semi-industrielle de l’or opèrent au sein de réseaux puissants et bien établis qui engendre un comportement de prédation à l’égard des populations locales.
  • L’exploitation minière semi-industrielle nuit à la gouvernance en créant des zones où l’État ne peut pas contrôler les activités et la production, en encourageant la suspicion de corruption de la part des autorités étatiques et coutumières et en rendant le commerce de l’or plus opaque. 
  • La cohésion sociale est mise à mal, car l’exploitation semi-industrielle de l’or crée de profondes divisions au sein de la société civile locale et dresse les chefs traditionnels contre leurs propres populations.

Avec le soutien du projet Integrated Land and Resource Governance (ILRG) de USAID.