La partie occidentale du territoire de Mambasa, dans la province de l’Ituri, fait l’objet d’une attention limitée de la part des autorités nationales et des partenaires internationaux. Pourtant, l’expansion des activités d’exploitation artisanale et à petite échelle de l’or (ASM) y est importante, y compris dans la Réserve de Faune à Okapis (RFO). Ces opérations minières ont provoqué des tensions entre les habitants, les mineurs, les acteurs armés, les représentants étatiques et les défenseurs de l’environnement. Cherchant à fournir une étude approfondie des défis de la région, IPIS a enquêté dans 41 mines de l’ouest du territoire de Mambasa pour évaluer l’impact de la croissance de l’ASM sur la sécurité, l’environnement et les questions socio-économiques dans les communautés vivant dans et à proximité de la Réserve de Faune à Okapis.
Sécurité
Malgré l’expulsion de divers groupes armés au cours des dernières années, un climat d’insécurité persiste dans le territoire de Mambasa en raison d’éléments FARDC indisciplinées engagées pour assurer la sécurité des concessions minières privées situées à proximité ou à l’intérieur de la région de la RFO. Ces soldats extorquent les communautés locales via des barrages routiers illégaux et expulsent les mineurs des sites ASM pour le compte de leurs employeurs. Des affrontements ont également lieu entre les gardes forestiers de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), qui protègent la RFO, et les FARDC indisciplinées sécurisant les sites miniers illégaux situés à l’intérieur de la réserve.
Environnement
Les images satellites et les observations sur le terrain montrent une intensification des opérations minières le long de la rivière Ituri. Cette situation a des conséquences néfastes sur l’environnement, notamment le détournement de la rivière de son lit. L’utilisation généralisée du mercure et la déforestation ont entraîné la pollution de la rivière et la destruction des écosystèmes environnants. La présence de mineurs alimente également les pratiques de braconnage, car la présence de mineurs stimulent la demande de viande de brousse. Ceci a un impact direct sur une pléthore d’espèces menacées telles que les chimpanzés et les pangolins.
Société et gouvernance
Le contrôle et la réglementation par le gouvernement sont régulièrement mis à mal. Les forces FARDC indisciplinées, engagées par des sociétés privées pour sécuriser les exploitations illégales, barrent l’accès des sites miniers aux agents officiels. Les agents du SAEMAPE se sont vu refuser l’accès à au moins 50 % des sites miniers cartographiés par IPIS dans l’ouest de Mambasa.
Une carte récente de la Réserve de Faune à Okapis publiée par le cadastre minier congolais (mais non approuvée par le Gouvernement congolais) a également causé une profonde confusion. Réduisant la taille de la réserve, la carte place diverses concessions minières en dehors de ses limites, légitimant ainsi la poursuite des exploitations.
En conclusion, pour rétablir la paix et la stabilité dans l’ouest de Mambasa, les mineurs artisanaux actifs dans la Réserve de Faune à Okapis doivent avoir la possibilité de travailler dans d’autres zones, ce qui nécessitera la collaboration des autorités minières locales, provinciales et nationales pour créer des “Zones d’Exploitation Artisanale” (ZEA). IPIS recommande également aux partenaires nationaux et internationaux de développer de nouvelles activités génératrices de revenus. Enfin, des mesures juridiques devraient être prises à l’encontre des petites entreprises qui exploitent illégalement les ressources naturelles de la RVO.
Le Partenariat pour le développement de l’Est du Congo (P-DEC) de l’USAID a été rendu possible grâce au soutien du peuple américain par l’intermédiaire de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Le projet est mis en œuvre par Mercy Corps en partenariat avec International Alert, Wildlife Conservation Society, Alliance for Responsible Mining, International Peace Information Service, HIVE, Fair Congo Foundation, APROHDIV, Justice Plus, SOFEPADI, CORACON, Pole Institute et d’autres partenaires.