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Analyse de la carte interactive des zones d’exploitation minière artisanale dans l’est de la République démocratique du Congo (Mise à jour 2023)

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Depuis 2009, IPIS a cartographié et collecté des données sur plus de 2 800 sites d’exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE) dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Dans ce rapport, IPIS fournit sa mise à jour 2023 de l’état de l’EMAPE dans l’est de la RDC, basée sur des données provenant de plus de 829 sites artisanaux et de petite échelle dans la zone entre 2021 et 2023. L’étude analyse les liens entre l’exploitation minière, les conflits et l’insécurité dans l’EMAPE, et évalue pourquoi les initiatives actuelles d’approvisionnement responsable n’ont pas réussi à diminuer l’ingérence armée dans l’exploitation minière, et encore moins à avoir un impact positif sur la sécurité en général. Les données recueillies pour l’étude peuvent être consultées sur la carte interactive d’IPIS et sur le tableau de bord des données en accès libre.   

Les résultats de l’étude révèlent que malgré l’atténuation des conflits armés à grande échelle liés aux minerais en RDC au cours des vingt dernières années, les minerais restent liés aux conflits. En effet, 61% des mineurs interrogés dans le cadre de notre enquête subissent des “interférences” (c’est-à-dire une recherche illégale de rente) de la part d’acteurs armés. Il s’agit aussi bien d’acteurs de sécurité étatiques que de groupes armés non étatiques. Ces derniers interviennent dans 29 % des mines visitées par IPIS. Des coupables bien connus sont les groupes CODECO et Jeunesse/’Zaïre’ (en Ituri), NDC-R et FPP/AP de Kabidon (au Nord-Kivu), et plusieurs groupes Maï Maï au Sud-Kivu et au Tanganyika.  

L’armée congolaise (FARDC) est cependant le plus grand interférent. Ses pratiques illicites de génération de revenus autour des sites artisanaux et de petite échelle ont un impact sur 37% des mines de l’enquête, qui emploient plus de 55 800 mineurs.  

IPIS a également identifié des facteurs d’insécurité dans l’EMAPE au-delà du financement direct des conflits et de l’ingérence armée. Il s’agit notamment de l’omniprésence d’anciens rebelles sur les sites miniers, ainsi que des tensions liées à l’inégalité d’accès aux ressources minérales en raison de la discrimination (par exemple, sur la base de l’appartenance ethnique) et de l’inégalité entre les hommes et les femmes. En outre, la ruée internationale vers les minerais de la RDC comporte certains risques en matière de sécurité : il existe un nombre croissant d’exploitations semi-industrielles qui ne respectent pas les obligations légales, utilisent des dispositifs de sécurité douteux, instrumentalisent les réseaux de mécénat et sapent la cohésion sociale.

Le rapport démontre qu’une analyse plus intégrée de l’exploitation minière, de l’insécurité et du financement des conflits est nécessaire pour que les politiques actuelles visant à limiter l’insécurité dans le secteur de l’EMAPE portent leurs fruits. Ceci est particulièrement vrai pour les initiatives d’approvisionnement responsable, qui restent largement inefficaces en raison de : leur fondement basé sur une compréhension dépassée du lien entre le conflit et l’extraction minière dans l’est de la RDC ; une dépendance excessive sur les agents de l’État sous-payés ; la nature d’exclusion de ces initiatives ; la négligence de l’impact socio-économique ; la capture des élites (politiques) ; et le manque d’une évaluation approfondie (co)gérée par les parties prenantes de la RDC. 

Carte des groupes armés interférant avec les sites ASM, 2021-2023 (829 sites).

Avec le soutien du projet Integrated Land and Resource Governance (ILRG) de USAID.