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Paix et sécurité dans la politique étrangère belge – Les points à retenir de notre récente conférence au Parlement fédéral

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Le 20 octobre, IPIS a organisé, en collaboration avec Search For Common Ground, une conférence au Parlement fédéral sur la paix et la sécurité dans la politique étrangère belge. Cette conférence a réuni diverses voix pour réfléchir au rôle que la Belgique peut jouer dans un monde marqué par des conflits complexes, ainsi qu’à l’importance de la coopération entre les 3D : défense, diplomatie et développement.

Dans son allocution d’ouverture, Els Van Hoof, Présidente de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, a insisté sur la nécessité de renforcer la résilience et la défense de la Belgique, tout en continuant à investir dans le soft power à travers la défense des droits humains et les valeurs démocratiques. Elle a plaidé pour une approche de sécurité fondée sur l’ensemble de la société et sur des partenariats solides, rappelant que la sécurité ne se construit pas seule et qu’il faut continuer à investir au niveau européen. 

Le Directeur d’IPIS, Filip Reyniers, à son tour, a souligné les mutations profondes de la scène internationale, entre retrait progressif des États occidentaux des opérations de paix multilatérales, pression sur la diplomatie et recentrage sur les intérêts nationaux. Reprenant la maxime Si vis pacem, para bellum – « Si tu veux la paix, prépare la guerre » – il a rappelé qu’éviter la guerre exige avant tout d’investir dans la paix. Une approche uniquement axée sur la défense ne rendra pas le monde plus sûr. 

Le premier panel « Architecture européenne de sécurité : au-delà de la dissuasion, la détente ? La position de la Belgique 60 ans après la doctrine Harmel », a réuni Steven Van Hecken, Professeur en sciences politiques, madame l’Ambassadrice Ariadne Petridis, Représentante permanente de la Belgique auprès de l’OTAN et Annemarie Gielen, Chargée d’action pour les régions en conflit de Pax Christi. Si certains ont défendu une politique de détente vis-à-vis de la Russie, d’autres ont estimé que celle-ci n’était pas réaliste à court terme, tout en la jugeant souhaitable à long terme.

La nécessité de mieux communiquer avec le public sur l’enjeu du conflit en Ukraine a été soulignée : il s’agit de défendre l’ordre libéral d’après-guerre. Un sentiment général s’est néanmoins dégagé selon lequel la politique étrangère belge devrait trouver un équilibre entre la défense de ses valeurs et une approche plus flexible et pragmatique dans ses relations avec les États dont les positions peuvent diverger. La discussion a également mis en évidence la nécessité d’une analyse plus systémique des menaces globales, incluant le changement climatique ainsi que les atteintes à la démocratie et à la justice économique. 

Le deuxième panel, « Quelle place pour l’action militaire, la diplomatie, le développement et les initiatives de paix dans la politique étrangère belge en zones de conflit ? », a rassemblé Heidy Rombouts, Directrice générale de la Coopération au développement et de l’aide humanitaire (DGD), Martin Gourgue, Conseiller en politique de défense et prospective stratégique à l’État-major de la Défense, et Sophie Desmidt, Directrice adjointe de l’ECDPM.

Bien que les panélistes aient mis l’accent sur différents éléments de  l’approche 3D, ils ont tous convenu que cette dernière restait au cœur de la politique étrangère belge, appelant à une coordination renforcée et à une vision de long terme : « La paix ne se construit pas en une législature. ». Les discussions ont également porté sur la transactionnalité : si la Belgique et l’Union européenne doivent être transparentes sur leurs intérêts, elles doivent éviter une approche purement transactionnelle au détriment des valeurs des droits humains et de la démocratie. 

Afin d’encourager la collaboration, il a été proposé d’élargir le modèle « défense, diplomatie et développement » à un quatrième « D » – Dialogue, en insistant sur la coopération au-delà des partenaires partageant des vues similaires. Il a ainsi été suggéré de passer du bonding au bridging, de bâtir des coalitions de volontaires, et de reconnaître la diversité des approches locales. 

En conclusion, Hilde Deman, la Directrice de Search for Common Ground a souligné que la sécurité et la défense doivent être considérées comme des biens publics, et a rappelé que la paix n’est pas un accord, mais un processus 

Cette conférence est le point de départ d’un débat essentiel que nous souhaitons poursuivre avec les décideurs politiques, les experts et la société civile. 

Cet événement a été organisé avec le soutien financier de la Coopération au développement et Aide humanitaire.