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« L’incapacité et le refus de reformer le système de certification des diamants de conflits »

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Aujourd’hui, un autre cycle de trois années de réforme du Processus de Kimberley (PK) a pris fin sans changement significatif. Les États participants ne se sont accordés que sur des changements insignifiants relatifs au cadre et à la gouvernance du mécanisme. Une fois encore, ils ont échoué à protéger efficacement les communautés vivant dans les zones d’extraction de diamants des abus persistants. En l’état, les certificats du PK ne fournissent toujours aucune garantie que les achats de diamants ne sont pas entachés de sang. « La séance plénière 2019 du Processus de Kimberley, sous présidence indienne à New Delhi, fut un triste et surréaliste spectacle » déclare Shamiso Mtisi, le coordinateur de la Coalition de la société civile (CSC) du PK, basé au Zimbabwe. « Les 82 États participants se sont perdus dans d’affligeantes discussions sur les règles, les procédures et autres banalités puisqu’en réalité, ils ne pouvaient uniquement convenir qu’ils ne s’entendent sur aucune question de fond. Le plus problématique réside dans l’échec de l’énième tentative d’élargissement de la portée du mécanisme supposé permettre de saisir les défis contemporains des conflits. Par conséquent, le PK demeure un processus qui ne sert qu’à protéger les intérêts des États contre les groupes rebelles qui aspirent à les renverser. « D’autres importants domaines de réforme ont été relégués au second plan en raison du refus des États de se soumettre à des actions et échéances concrètes », explique Shamiso Mtisi. Ceci inclut la création d’un Secrétariat permanent et d’un fond multi-donateurs qui avaient tous deux pour objectif de pallier aux défauts concernant le professionnalisme, les capacités techniques et à la participation tripartite du PK. Tandis que les participants du PK étaient occupés à réorganiser les chaises longues sur le Titanic, les communautés africaines soutenues par les membres de notre coalition de la société civile continuent de souffrir des inconvénients de la richesse en diamants. Cela comprend des nuisances à leur moyens d’existence, des dommages environnementaux et, malgré ce mécanisme de prévention des conflits, encore souvent, des violences et des abus. Cette plénière n’est pas parvenue à donner à ces communautés la moindre garantie que le Processus de Kimberley se sent réellement concerné. De la même façon, les États n’ont pas su donner de réponse à la question de la commercialisation des diamants synthétiques comme alternative plus éthique à l’achat de diamants naturels.

Un des rares engagements de fond pris à New Dehli se focalise sur l’embargo sur les diamants de conflits en provenance des zones non-conformes de la République centrafricaine (RCA). Le PK et le gouvernement centrafricain se sont accordés sur un mécanisme de contrôle plus flexible pour tenter de faciliter et de promouvoir le commerce légitime de diamants en RCA. « En tant que coalition de la société civile, nous appelons les autorités centrafricaines à faire en sorte que cette tentative fonctionne et à renforcer les contrôles dans le but de freiner la fraude et la contrebande de diamants dans le pays », insiste Mr Mtisi.

Notre conclusion générale de cette séance plénière est celle d’une profonde déception », conclue Shamiso Mtisi. Tandis que le Processus de Kimberley peut apparaître comme un processus tripartite sur le papier, il est en réalité dominé par des gouvernements qui ne parviennent pas à dépasser les intérêts nationaux.
En tant que société civile, nous continuerons à braquer les projecteurs vers ce processus souvent trouble et qui tend à prétendre être quelque chose du plus large et de plus efficace que ce qu’il n’est réellement. Cependant, le PK continuant de perdre en pertinence et en crédibilité, il est de plus en plus clair que nous devrons regarder en dehors de ce processus rigide pour trouver les solutions nécessaires à l’amélioration de la gouvernance des diamants et à la défense des intérêts des communautés qui les extraient. f Plus d’informations : Shamiso Mtisi, Coordinateur de la Coalition de la société civile du PK (ZELA), +263 7 742 169 56 f